You are currently viewing « Ce podium me libère »

« Ce podium me libère »

Nom : Deleidi
Prénom : Jonathan
Âge : 27 ans
Fonction : Support informatique, licencié paratriathlon à Acti 3 Allauch
Discipline préférée en triathlon : Natation, « à force de travail »

Licencié au club d’Allauch, membre du groupe « Relève » de la Fédération, Jonathan Deleidi a décroché son premier podium national, lors des championnats de France paratriathlon à Saint-Jean de Monts. Une première étape importante dans sa progression. 

  1. Peux-tu nous expliquer ton parcours et ton arrivée dans le monde du triathlon ?
    Au départ, je suis issu des sports collectifs. En étant de Marseille, j’ai évidemment fait du football, puis du rugby, un sport de famille. Puis à 11 ans, j’ai contracté un virus qui m’a handicapé. Par la suite, j’ai continué le rugby, mais en sachant que je ne pourrai jamais atteindre le haut niveau que je m’étais fixé. Progressivement, avec l’âge, j’ai regardé les disciplines handisport, et j’ai découvert le triathlon en 2019, un sport qui me permet d’aller au bout de moi-même.
  1. Tu cours dans la catégorie PTS3, peux-tu nous expliquer ton handicap ?
    A 11 ans, j’ai été atteint par une poliomyélite, un virus qui s’attaque au système nerveux. J’ai eu les deux jambes paralysées, je suis resté en fauteuil roulant un certain temps. Progressivement, j’ai récupéré toute la motricité de ma jambe gauche, bien que j’ai une petite perte de sensibilité. En revanche, j’ai des lacunes musculaires à droite et une rigidité de la cheville droite, ce qui provoque évidemment un manque d’impulsion.
  1. Comment s’est passée ta saison, jusqu’aux championnats de France de dimanche à Saint-Jean de Monts ?
    Ma saison a vraiment démarré en décembre quand M. Fattori, de la FFTRI, m’a informé que ma catégorie PTS3 était retenue pour les Jeux Olympiques de Paris 2024. Ça m’a donné un regain de motivation dans une période un peu morose. J’ai participé au stage “Relève paratriathlon” de la FFTRI à Cannes, où j’ai fait la connaissance de Bertrand Billard, qui est désormais mon entraîneur. J’avais besoin d’un entraînement plus structuré et plus suivi. Ensuite, j’ai participé à trois manches de coupe du monde à Besançon, La Corogne en Espagne puis Alhandra au Portugal, puis quelques courses en France.
  1. Dimanche tu as obtenu la médaille de bronze sur les championnats de France. Sur les réseaux sociaux tu as salué ce podium par un “Enfin”. Il signifie quoi ?
    Tout simplement un soulagement de faire un podium après plusieurs courses cette année, au niveau national et international. Même si je suis relativement nouveau dans la discipline, j’étais heureux, ça désacralise un peu ce podium et me libère de cette “peur de gagner” que je pouvais ressentir par moment et qui me faisait mal gérer des fins de courses.
  1. Lors d’un séminaire dédié au paratriathlon, la FFTRI avait identifié que les clubs ne savaient pas comment gérer les personnes en situation de handicap, pouvaient avoir peur du matériel ou de l’accompagnement nécessaire. Qu’aurais-tu à leur dire pour les rassurer ?
    J’ai la chance de ne pas être en fauteuil, donc je n’ai pas été confronté à ce genre de chose. J’ai simplement à leur dire de ne pas avoir peur, les athlètes handisport sont indépendants, ils n’ont pas besoin d’être chouchoutés. Comme les autres, ils ont simplement besoin d’entraînement et de créneaux piscine ! Après, l’échange entre valides et handisports est naturelle et réciproque. Dans le triathlon ou ailleurs, on fait tous avec nos forces et nos limites. Personnellement, j’ai eu un peu de mal à m’assumer en tant que personne handicapée, à me confronter au regard des autres. Puis un jour, un entraîneur de rugby m’a dit : “Mais tu t’en bats les c…!” (rires). Chacun vit avec ses différences, c’est comme ça. Et j’étais même encore plus fier dimanche en voyant le regard des gens à Saint-Jean de Monts.
  1. Désormais, les JO de Paris sont un objectif pour toi ?
    Toutes les épreuves internationales font partie de mes objectifs ! Ce serait un rêve de pouvoir participer aux Jeux de Paris, puis de Los Angeles en 2028. Mais est-ce que je serai prêt ? Il faudra déjà bien figurer sur les coupes du monde et les World Series. Et ça ne dépend que de moi, de ma préparation. Je suis encore loin des meilleurs Français et mondiaux, donc on va prendre course après course. Je rêvais de placer cette phrase un jour ! (rires)